Causerie Charles Baudelaire -
Les Fleurs du malSituer le poème :Le poème se situe au début du recueil
Les
Fleurs du Mal de
Charles
Baudelaire. Il s’apparente au Spleen.
Lecture du poème :
LV - Causerie
Vous êtes un beau ciel d'automne, clair et rose ! Mais la tristesse en moi monte comme la mer, Et laisse, en refluant, sur ma lèvre morose Le souvenir cuisant de son limon amer.
- Ta main se glisse en vain sur mon sein qui se pâme ; Ce qu'elle cherche, amie, est un lieu saccagé Par la griffe et la dent féroce de la femme. Ne cherchez plus mon coeur; les bêtes l'ont mangé.
Mon coeur est un palais flétri par la cohue ; On s'y soûle, on s'y tue, on s'y prend aux cheveux ! - Un parfum nage autour de votre gorge nue !... O Beauté, dur fléau des âmes, tu le veux ! Avec tes yeux de feu, brillants comme des fêtes, Calcine ces lambeaux qu'ont épargnés les bêtes !
Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal
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Annonce des axes d'étudeVersification :Il s’agit d’un sonnet irrégulier. Les vers sont des alexandrins
aux rimes croisées. La rime du dernier tercet est plate. Les rimes sont
suffisantes (rose/morose) et pauvres (saccagé/mangé). L’alternance
des rimes masculines et féminines est respectée.
Cf.
fiche sur les rimes.
Explication du titre :Une causerie est une petite conférence sans prétention. Le poète
nous parle de sa tristesse sans prétention.
Thème :Le thème abordé ici est celui de la tristesse causée
par une femme.
Analyse :Premier quatrain :Le vers 1 est une
métaphore de la femme. Baudelaire la compare à « un
beau ciel d’automne, clair et rose ». Le point d’exclamation
marque la stupéfaction face à la beauté. Néanmoins
l’
antithèse entre « automne », qui est une saison
détestée par Baudelaire et assimilée au Spleen, et « beau
ciel […] clair et rose » annonce que l’on n’est pas
dans l’idéal. ‘Il y a un problème’ avec cette
femme.
Au vers 2, le « mais » introduit l’idée du Spleen
plus clairement. La montée de la tristesse est comparée à la
marée.
Au vers 3 et 4, la métaphore du « limon » pour la salive.
Une femme a donc fait du mal au poète « laisse […] le souvenir
cuisant ». Sens du goût.
Le terme « morose » est une hypallage (attribuer à certains
mots d'une phrase ce qui se rapporte à d'autres mots) pour parler de
l’humeur triste du poète.
Le rythme est irrégulier. Les césures ne sont pas régulières
:
Vers 1
à 9/3
Vers 2
à 6/6
Vers 3
à 2/4/6
Vers 4
à 6/6
Enjambement entre les vers 3 et 4
L’
allitération du son « m » souligne la montée
de la tristesse.
Deuxième quatrain : Au vers 5, le tiret met en évidence ce vers qui pourrait s’apparenter à l’Idéal
à renforce l’idée d’inutilité.
Au vers 6, il y a le terme « amie ». Quelqu’un le réconforte.
Au vers 6 et 7 son cœur est un « lieu saccagé par la griffe
et la dent féroce de la femme »
à une femme l’a fait souffrir.
Au vers 8, le poète dit que les bêtes ont mangé son cœur.
Métaphore des « bêtes » pour parler des femmes.
Le rythme est irrégulier. Les césures ne sont pas régulières
:
Vers 5
à 6/6
Vers 6
à 4/2/6
Vers 7
à pas de césure
Vers 8
à 6/6
Enjambement entre les vers 6 et 7.
Au vers 6, les allitérations en ‘f’ et en ‘r’ soulignent
le carnage.
Premier tercet :Au vers 9, le cœur est un « palais flétri par la cohue ».
Le palais a donc perdu toute sa splendeur à cause du carnage qui y a
eu lieu. Cela souligne l’idée de la destruction qu’a causée
la femme au poète.
Au vers 10, il y a une description du carnage.
Au vers 11, le tiret met en évidence ce vers qui pourrait s’apparenter à l’Idéal.
Les trois petits points montre l’évaporation du parfum.
Le rythme est irrégulier. Les césures ne sont pas respectées.
Vers 9
à pas de césure
Vers 10
à 3/3/6
Vers 11
à pas de césure
Deuxième tercet :Au vers 12, métonymie de la Beauté qui est apostrophée
par le ‘Ô’ vocatif. La Beauté est le « fléau
des âmes »
à c’est une calamité. Cela renforce encore
l’idée du carnage causé par la femme.
Au vers 13 et 14, le poète demande une fin à son supplice en
demandant à la femme de brûler son cœur.
Au vers 13, « les yeux de feu, brillants comme des fêtes » est
une comparaison montrant que la femme est heureuse de le voir souffrir.
Au vers 14, « ces lambeaux » est une métaphore pour le
cœur. « Calcine » veut dire brûle entièrement
à fin du calvaire.
Conclusion :Ce poème se rapproche de
Chant d’automne car nous pouvons y retrouver cette même idée de souffrance.
Charles Baudelaire