Mai Apollinaire - AlcoolsSituer le poème :Ce poème se trouve dans la section des poèmes des rhénanes du recueil
Alcools d’
Apollinaire.
Versification :Mai se présente sous la forme de 4 strophes d’alexandrins. Les
rimes sont embrassées, riches (rosiers/osier) et suffisantes (montagne/s’éloigne).
Explication du titre :Le titre place le poème dans le temps.
Thèmes :- Un amour impossible,
- passage du temps et des sentiments opposé à une idée de permanence.
LectureMAI Le mai le joli mai en barque sur le Rhin Des dames regardaient du haut de la montagne Vous êtes si jolies mais la barque s'éloigne Qui donc a fait pleurer les saules riverains Or des vergers fleuris se figeaient en arrière Les pétales tombés des cerisiers de mai Sont les ongles de celle que j'ai tant aimée Les pétales flétris sont comme ses paupières Sur le chemin du bord du fleuve lentement Un ours un singe un chien menés par des tziganes Suivaient une roulotte traînée par un âne Tandis que s'éloignait dans les vignes rhénanes Sur un fifre lointain un air de régiment Le mai le joli mai a paré les ruines De lierre de vigne vierge et de rosiers Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes Apollinaire, Alcools |
Analyse linéaire :Le ton du poème est lyrique
1ère strophe : Cette strophe traite d’une rencontre impossible. Tout paraît annoncer
une idylle printanière : Vers 1
à on est en mai, le jeune homme
passe « en
barque sur le Rhin ». Vers 2, des « dames » regardent
et le vers 3 marque l’exclamation admirative du jeune homme face à leur
beauté « Vous êtes si jolies ».
Mais au vers 2, les femmes sont inaccessibles et, au vers 3, « la barque s’éloigne »
à la rencontre est impossible.
Le jeune homme accepte son destin, mais, sur la rive, les arbres déplorent à sa
place les amours impossibles : « qui donc a fait pleurer les saules riverains ».
2ème strophe : Evocation allusive de la femme aimée.
Passé composé « celle que j’ai tant aimée » au
vers 7
à l’amour est fini. Le souvenir demeure « figé en
arrière ». Le souvenir est comme « les vergers fleuris ».
Vers 5 : le temps qui passe
à les « vergers fleuris » restent en
arrière et se figent dans les souvenirs. Mais ils sont comme figés,
ce qui représente la permanence du souvenir.
Vers 6 : la chute des pétales rappelle le souvenir de la femme aimée.
L’enjambement des vers 6 et 7 renforce l’analogie entre les pétales
et les « ongles de celle que j’ai tant aimée ». Le « tant » marque
l’affectivité.
Au vers 8, comparaison entre les « pétales flétris » et
les paupières de la femme.
« Or » marque une séparation avec la strophe 1.
Le passage du temps est suggéré par le cycles des saisons « les
cerisiers de mai » dont les pétales se flétrissent
à suggère
une dégradation de la beauté et de la jeunesse. Cette allusion
est renforcée par l’emploi du passé simple « celle
que j’ai tant aimée ».
Dans les strophes 1 et 2, le poète est présent : « je ».
Il disparaît totalement dans les strophes 3 et 4
à plus de pronom ni
de marque de discours.
3ème strophe : La place du poète est prise par un pauvre cirque composé d’animaux,
l’idée de pauvreté est renforcée par l’
anaphore du « un » au vers 10. La présence d’êtres vivants
s’efface et on ne nous donne pas à voir le cortège des
soldats « le son du fifre ».
Les deux cortèges de cette strophe suggèrent le passage du temps.
Ce temps passe très lentement comme le suggère le rythme de cette
strophe et de sa longueur (strophe de 5 vers dans un contexte de quatrains).
De plus, le cortège s’éloigne comme la barque du premier quatrain : représente le passage du temps.
4ème strophe : Il n’y a plus de présence humaine, la vie a disparu pour laisser place
à un monde végétal et minéral où le seul bruit est celui du vent.
On a une vision de ruines qui contraste avec l’idée du temps qui passe différente de l’idée de permanence des ruines : même
si détruit, continue d’exister sous forme de traces, comme le sentiment amoureux sous forme de souvenir.
Les vers 16 et 17 donnent à entendre le bruit du vent par l’allitération
des sons « s », « v », « f », « z ».
Conclusion Dans ce poème s’expriment des thèmes qui apparaissent dans le poème
La
chanson du mal-aimé. Ces thèmes
sont ici évoqués plus doucement, avec plus de simplicité.