Al-Khansa - Arabe-Nadjd - VII ème siècle
Le nom de cette poéte arabe signifie "camarade" ou "la gazelle". Sa renommée poétique repose principalement sur les élégies qu'elle écrit à la mémoire de ses deux frères. Elle permet au genre le la marhiya, ou complainte poétique d'un mort, de s'enrichir considérablement. De nombreux poètes s'inspirent de son Diwan. On trouve dans ses vers tendresse, violence et intensité du sentiment
Abandon
Elles disent : "Si jeune, et tant de cheveux blancs !"
Et moi : "Blancs ils seraient, pour peine moins affreuse !"
Tout est malheur en cette vie, Abu Hassan.
Puisque je vis sans toi, et partant malheureuse.
Il était la jeunesse et l'âge sûr de lui,
Calme mais chaleureux, main offrante et offerte,
Il était le mérite absolu, non pas certes
De tel sot qui devant ses chefs se rembrunit.
Quand on parle d'un homme et qu'un juste propos
Dit avec art sa bienveillance et son honneur,
C'est à toi que je pense, et je pleure, un sanglot
Étouffe tout mon être et fait fondre mon coeur.
Ce coeur, tu l'as brisé, j'en jure, il n'en peut plus !
Le deuil emplit mon âme et ma tête fléchit.
Le dur bois de ma lance aujourd'hui s'est rompu,
Cassé comme le cœur si solide du buis.[/size]